Vers une Renaissance de la Valeur de l'Histoire Orale de la Police en Criminologie

Cockcroft, Tom orcid iconORCID: 0000-0002-7249-7285 (2010) Vers une Renaissance de la Valeur de l'Histoire Orale de la Police en Criminologie. In: Le témoin, le sociologue et l’historien Quand les policiers se mettent à table. Nouveau Monde Éditions, Paris. ISBN 9782847364484

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Abstract

Les récits oraux de policiers n’ont jamais eu un statut très clair en Angleterre. Du côté du vaste domaine universitaire occupé par la criminologie et le droit pénal, ils apparaissent trop qualitatifs pour un monde académique qui tend de plus en plus à « se dénaturer et se dessécher » (Young, 2004, p. 13). En même temps, l’histoire orale est aujourd’hui encore regardée avec suspicion par de nombreux historiens orthodoxes, dont certains vont jusqu’à laisser entendre qu’elle n’est pas assez « historique » (Sangster, 1994). Il n’y a donc pas vraiment lieu de s’étonner du fait que les récits oraux de policiers anglais n’aient fait l’objet que de rares, voire d’aucune analyse critique, étant donné la rareté relative de ce genre de sources et le peu d’intérêt que manifeste la criminologie dominante pour l’histoire orale et l’histoire de la police. Actuellement, l’histoire orale de la police anglaise reste donc un champ d’étude passionnant, ne serait-ce que pour ce que ces récits ont donné à voir de l’environnement professionnel du policier anglais au cours du XXe siècle. L’autre intérêt de ces travaux, c’est qu’ils sont susceptibles d’apporter une contribution à des débats portant sur des questions plus vastes, apparemment souvent sans lien entre elles, qui font nécessairement partie du travail des criminologues et spécialistes de droit pénal s’intéressant à la police. Particulièrement significative dans le cadre de cet article est l’importance des récits de policiers pour le travail à la fois des spécialistes de l’histoire orale et de ceux qui cherchent à y voir clair dans un univers culturel policier fort complexe. Après un rapide survol des relations entre histoire orale et criminologie, je traiterai dans ce chapitre de trois questions corrélées qui mettent en lumière ce qui rapproche et ce qui sépare la recherche criminologique de la recherche historique sur la police. La première de ces questions est celle de la narrativité policière et porte sur le rapport complexe entre comportement et langage dans l’univers policier. La deuxième est celle du déterminisme : elle renvoie à la difficile résolution des tensions entre organisme et structure que l’on observe dans les tableaux du travail policier dressés par les criminologues et les spécialistes de l’histoire orale. Et, pour finir, nous chercherons à voir dans quelle mesure les histoires orales de la police viennent conforter l’idée défendue par Loader et Mulcahy selon laquelle la police doit être traitée comme « une institution culturelle » (2003, p. 39). Mais pour commencer nous proposons un bref survol des principaux travaux qui constituent l’histoire orale de la police anglaise.


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